Coucou, voici mon dernier texte ! Il ne ressemble absolument pas à ce que j'écris d'ordinaire, premièrement parce que j'ai horreur d'écrire au présent, ensuite parce que cela ne correspond pas au type d'histoires que j'écris... Et que c'est inspiré directement de la réalité. Il me semble aussi fondamental d'écrire "utile" de temps en temps... Vous comprendrez en lisant ! ;)
Le premier jour de ma vie
J'ouvre les yeux. Pour la première
fois, je vois la lumière. Elle est belle, elle me réchauffe. Je tente un
premier pas. Un, deux, trois... J'avance ! Je goûte l'air autour de moi,
qui emplit doucement mes poumons. Mon petit corps frêle et fragile s'éveille à
la vie. Je sais, au fond de mon cœur, que j'ai de merveilleuses choses à
découvrir. Je les rêve, je les imagine déjà, même si j'ignore encore quelles
formes elles auront... Marcher me fatigue, je dois encore prendre possession de
mes membres hésitants. Maman m'apprendra. C'est elle qui me protégera tant que
je serai faible. Je me tourne, je me retourne. Je cherche maman des yeux, je
sais qu'elle devrait être là. Pourtant, je ne la vois pas. J'appelle mais elle
ne répond pas. A côté de moi, ma sœur l'appelle aussi. Elle est triste et se
blottit contre moi. Elle a peur d'être seule. Bientôt elle se tait : elle
a perdu espoir. Moi je continue, je m'obstine, espérant qu'elle apparaisse,
comme par magie, pour nous envelopper de sa chaleur maternelle. Combien de
temps s'est-il écoulé ? Je n'en sais rien. Je m'inquiète, ce n'est pas
normal.
Quelqu'un finit par approcher. Il
est grand et vêtu de blanc. Ce n'est pas maman... Il nous attrape, ma sœur,
moi, et d'autres encore. Certains courent en tous sens pour essayer d'échapper
à sa poigne. Je tente de protéger ma sœur, elle semble encore plus fragile que
moi. Mais quoi que nous fassions, nous sommes pris au piège. Il n'y a aucun
moyen de s'évader. Il nous attrape tous et nous jette dans une caisse. Nous
sommes secoués. Je sens ma sœur trembler tout contre moi. L'homme retourne la
caisse, nous tombons à la renverse, abandonnés au vide. Notre chute s'arrête
enfin, sur un sol noir et caoutchouteux. Je tente de me relever mais le tapis
roulant me déstabilise. Il y a des bords, nous ne pouvons pas sauter, ils sont
trop hauts pour nous. Je parviens à me frayer un passage jusqu'à ma sœur, un
peu plus loin. Elle ne comprend pas, elle a peur. Je voudrais pouvoir la
rassurer, mais je suis tout aussi perdu. Dans cet endroit étrange, la lumière
m'aveugle et l'odeur qui monte à mes narines est âcre, lourde, chargée d'un
parfum angoissant et répugnant. Autour de nous, les autres remuent comme un
flot vivant, ils ne comprennent pas ce qui leur arrive et jettent en tous sens
des regards apeurés.
Soudain une main m'empoigne,
m'arrachant à ma sœur qui s’époumone en me voyant éloigné d'elle. Elle me fixe
de ses yeux emplis d'effroi, impuissante. La main gantée me retourne, me palpe
sans ménagement. Mais que me veut-on ? On me jette dans une nouvelle
caisse où d'autres s'entassent déjà. Où est ma sœur ? Je dois la
retrouver. Elle n'a pas notre mère, comment survivra-t-elle si je la laisse
seule ? Quoiqu'il arrive, nous serons plus forts à deux... Autour de moi
les autres s'agitent, tentent de ne pas se faire écraser par les nouveaux
arrivants. Que va-t-on faire de nous ? Ma sœur ne m'a pas rejoint mais un
homme arrive déjà et s'empare de la caisse. Il la retourne au-dessus d'un sac
noir dans lequel nous tombons tous inexorablement. J'atterris sur les uns, les
autres me tombent dessus. Mes camarades sont terrifiés, je le sens. Leur
angoisse me gagne, la peur commence à monter en moi. Je tente de me dégager et
lève la tête pour pouvoir respirer plus facilement. Je croise son regard. Il
est glacial et me fixe sans émotion. Sur ce visage de marbre, le sac se referme
sur les ténèbres.
A mes côtés, les autres paniquent.
Mon cœur bat la chamade, ses battements s'envolent à un rythme effréné. Ma
sœur ! Où est ma sœur ? De toutes parts s'élèvent des piaillements,
sonnant comme des hurlements à mes oreilles. J'ai du mal à respirer, j'ai
chaud, je me prends des coups car les autres, incapables de garder leur calme,
tentent en vain de s'échapper, de percer cette paroi qui résiste, résiste
encore. Leur panique me gagne, je me débats pour trouver l'air qui se
fait de plus en plus rare. Je ne vois pas mes compagnons mais je les entends,
je les sens remuer comme une vague au désespoir. Mon cœur bat si vite, et mes
poumons ont tant de mal à se remplir...
Un éclair de lucidité me traverse.
Alors, je comprends. Un frisson secoue mon corps encore si fragile et malgré la
chaleur, mon sang se glace dans mes veines. Jamais je ne reverrai ma sœur.
Jamais je ne reverrai cette belle lumière qui avait réchauffé mon cœur pendant
ces brefs instants. Jamais je ne pourrai me nicher contre ma mère. Jamais je ne
pourrai découvrir ce monde que je rêvais d'explorer il y a si peu de temps
encore, quand j'avais cru à tort que la vie s'offrait à moi. J'allais retourner
à ce néant que j'avais quitté quelques heures plus tôt...
A cette pensée, j'ai envie de
hurler, moi aussi. Je me mets à trembler frénétiquement. Je suis perdu. Je n'ai
d'autre choix que d'admettre cette terrible réalité alors même que mes poumons
s'affolent. Je tente de réfléchir, mais mes idées ne sont plus très claires.
Pourtant, une question m'apparait avec une netteté dramatique : pourquoi
m'a-t-on fait naître ? Pourquoi me faire subir ça ? Pourquoi me
renvoyer dans le noir, moi qui n'ai encore rien vu, rien fait ? Est-ce que
ma vie n'est rien ? Je ne comprends pas, rien de tout cela n'a de sens.
L'air me manque. Autour de moi, les hurlements s'éteignent comme un feu mourant
agité des derniers crépitements, les corps tremblants s'immobilisent et leurs
cœurs innocents comptent leurs ultimes battements. Les derniers soubresauts me
secouent, je n'ai plus la force de me battre. J'ai beau chercher l'air, il n'y
en a plus. Je sens la vie me quitter. Déjà ma vue devient floue, les ténèbres
m'engloutissent. J'agonise sur le chemin de mon premier et dernier voyage.
Le
sexage des poussins est une pratique très courante en France. La loi autorise
le broyage des poussins mâles à la naissance pour des raisons économiques, mais
ils sont parfois aussi étouffés dans des sacs, tout cela alors qu’ils sont encore
vivants. Près de 50 millions de poussins sont massacrés ainsi chaque année dans
notre pays. Comme l'Allemagne, interdisons cette pratique barbare.
Si
vous souhaitez en savoir davantage, vous pouvez visionner cette vidéo filmée en
caméra cachée. Attention, ces images sont très dures et révèlent une réalité
souvent ignorée et difficile à accepter, mais qu’il est primordial de diffuser. Vous pouvez également signer la pétition qui se trouve au bas du lien. Peace.
Coucou,
RépondreSupprimerTon texte est très bien écrit et très touchant et on en ressent bien l'horreur que vivent ses pauvres poussins.
J'ai été signer la pétition.
Coucou, c'est super, merci !
SupprimerTu pouvais difficilement me faire plus plaisir, c'était mon but et j'avais peur de ne pas l'atteindre parce que l'horreur est parfois difficile à retranscrire, donc merci :)
De rien : )
RépondreSupprimerA mon sens, tu as réussi à la retranscrire, je l'ai bien ressentie. : )
Waouh, ce texte est tout simplement magnifique... Soit en fière, tout en juste, les mots sont pesés, les tournures magnifiques...
RépondreSupprimer... Et je passe voir la pétition ;)
Merci, ton commentaire me fait vraiment plaisir, ce texte était important pour moi et je n'arrivais pas à en être tout à fait satisfaite. C'est adorable :)
SupprimerSuper et merci pour ça aussi ;)