mercredi 18 janvier 2017

Manon Lescaut, Abbé Prevost

 
Fiche technique :
Titre : Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut
Auteur : l'Abbé Prevost
Publication : 1731 (première édition)
Prix : dans le domaine public, donc gratuit en numérique !
Nombre de pages :  416 pour le Poche (2008)

Résumé (édition Poche):

"Le héros est un fripon et l'héroïne une catin», notait Montesquieu après sa lecture de Manon Lescaut. Et de fait, Manon se fait enlever par le chevalier des Grieux, met douze jours à s'apercevoir qu'il est sans ressources, accueille alors froidement ses projets de mariage, se débarrasse de lui en le dénonçant à sa famille, accepte les propositions fastueuses d'un fermier général dont elle tirera soixante mille livres en moins de deux ans... puis vit à nouveau avec des Grieux. Et ainsi de suite. Un fripon ? Une catin ? Ces noms ne sont pas même dégrisants quand on les applique à Manon et à des Grieux, car on est aussitôt amené à se demander comment un fripon peut rester honnête, une catin conserver sa pureté. Fraîcheur et corruption tout ensemble : dans cette impossible conjonction consiste peut-être toute le mystère de cette histoire limpide."


Mon avis : 16/20

Les + : un grand classique avec peu de "longueurs" (descriptions,...), de l'aventure, de l'amour... et instructif !

Les - : la mollesse quelque peu exagérée du chevalier, la répétitivité des situations


 Un avis un peu plus approfondi, pour ceux qui voudraient en savoir davantage : 

Ah, Manon Lescaut ! Ce roman dont nous avons presque tous lu et analysé des extraits en classe... Mais que, je l'avoue, parmi la foule des classiques (et maintenant, des livres d'économie), je n'avais jamais eu l'occasion de le lire. Je le projetais mais n'en trouvais jamais le temps... Pourtant, il suffit de quelques jours d'une lecture régulière pour en venir à bout... Manon Lescaut se lit tout seul (si, si, je vous assure !). Je dois vous confier que si je raffole de la littérature du XIXe, et surtout de celle tirée du mouvement romantique, je n'ai rien contre un bon chef-d’œuvre du XVIIIe !

Manon Lescaut n'est pas qu'un classique à lire pour sa culture littéraire : c'est aussi un classique à lire pour le plaisir, tout simplement ! Bien loin des pages de descriptions parfois fastidieuses, l'abbé Prévost nous entraîne dans une aventure ancrée dans le mouvement, quoique ce mouvement tourne souvent en rond, puisque le personnage principal, incorrigible, ne parvient à échapper aux vilaines situations dans lesquelles il s'est déjà retrouvé plus d'une fois... Et nous en venons justement au thème principal : la passion et l'incidence qu'elle peut avoir sur un jeune cœur.

Si, au départ, des Grieux a notre sympathie, celle-ci ne tarde pas à se changer en compassion, laquelle se muera elle-même en une légère exaspération face au peu de leçons que notre personnage principal tire de ses expériences passées : on aura rarement vu un personnage si empêtré dans une passion qui l'humilie en plus de lui briser le cœur auprès d'une femme volage qui le trompe sans cesse. Son égoïsme et son opportunisme paraissent assez tôt : notre charmant chevalier n'hésite pas à profiter de ses amis, de son père et de tous ceux dont il peut se servir afin de garder la belle Manon auprès de lui.  "Il fait pitié !", dirait-on aujourd'hui. Mais bon, Manon est tellement belle. Cependant il agit par amour, et c'est encore la charmante Manon qui s'attire toutes nos foudres même si le narrateur nous la présente toujours à travers son regard amoureux. Infidèle, dépensière, intrigante... Elle n'a, malgré tout l'amour que lui porte des Grieux, que peu d'attraits. Mais on s'attache malgré tout à ces deux personnages et surtout à des Grieux, que l'amour rend capable de tout. Et puis, on se laisse tenter par les excuses qu'il se trouve lui-même : il est jeune, Manon aussi, il est amoureux et, au fond, ses intentions ne sont pas fondamentalement mauvaises. Le meurtre lui-même semble n'être qu'un malheureux détail dans cette lutte pour l'amour. La jeune femme, quant à elle, pense surtout à s'amuser et non à faire le mal.

Heureusement, les événements ne manquent pas, et les personnages ne tiennent qu'à peine en place. Si comme je l'ai déjà dit, les mêmes situations reviennent au cours du roman, il y a suffisamment de différences pour ne pas s'ennuyer mais au contraire se demander quelle conclusion aura la nouvelle affaire...

L'écriture n'est pas pesante et le rythme est bon : nous ne sommes pas noyés sous les détails et les péripéties s'enchaînent, racontées de façon claire et finalement assez objective par rapport à la situation. Ainsi, à la fin du roman, l'auteur ne verse pas dans le pathétique et ne nous arrache aucune larme.

Pour qui ? Je le conseille à tous ceux qui souhaitent enrichir leur culture littéraire d'un classique supplémentaire sans avoir à lire des dizaines de pages de descriptions. A condition, toutefois, de réussir à supporter le manque de caractère d'un des Grieux que l'on rêve de secouer un bon coup!

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